Abstraction #2

Quelqu’un peut-il m’aider à trouver une lumière, un mince espoir de souvenir, un détail précis ?

Réminiscence qui construit, comme à chaque isolement, sa place dans un vide minutieusement organisé. Je suis arrivé trop tard mais est-ce vraiment important ? Entreprendre le dernier voyage pour le savoir reste la seule éventualité.

Mais vers quel inconnu partir ? Je hèle le néant, espère sentir mon corps transporté et peu importe finalement la destination. Un simple souffle m’apporterait une promesse de réconfort et illuminerait ma solitude.

Mais au lieu de cela se dresse la paroi, lisse et gigantesque, une incompréhension que je ne peux pourtant contourner telle une porte unique résolument verrouillée sur le monde d’avant dans lequel j’avais sans doute ma place. Mon esprit fugace s’égare un instant et ma vision se trouble dans une multitude de miroirs tourbillonnants entre ciel et marécages. Métamorphose du refuge idyllique, celui de mon enfance en un vestige d’une vie errante. Que me reste-t-il vraiment ? Trois marches trop hautes, l’odeur d’un cuir ciré sur des épaules si fragiles et l’échappement d’un vieux Chausson qui allaient déchirer inexorablement ma jeunesse. Que me reste-t-il vraiment ? Le premier voyage… Celui vers l’océan, celui d’une invitation à effacer un à un les souvenirs de mon cocon familial.

Serait-ce à nouveau l’unique chemin ? Comment sortir de ce troublant labyrinthe ? S’il vous plaît… Une lumière, un mince espoir de souvenir, un détail précis !

Enfin la voie, unique, celle menant vers le ciel et ses remembrances. Club de plage, orgue de barbarie, queue de Mickey, jeu de ballon pour une adolescence si lointaine et déjà l’interdit, que je franchis, enfin libéré.

 

 Jean Jack MOULIN